mardi 30 août 2016

Acheter un château?

Toujours dans la région Centre de la France, nos récentes visites de châteaux nous ont fait prendre conscience que de nombreux sites étaient la propriété d'individus ou de sociétés privées. Il est vrai que la plupart des châteaux les plus prestigieux sont la propriété de l'État français, mais le nombre de propriétés privées, sociétés ou groupes sont de beaucoup supérieurs.

C'est sans doute la révolution de 1789 dans un premier temps qui a porté le plus dur coup à ces demeures de prestige à la suite des saccages et saisies par l'État. Par la suite, les changements fondamentaux intervenus dans les modes de vie qui ont suivi la première guerre de 1914-1918 ont également contribué à vider graduellement ces monuments devenus trop onéreux à entretenir. Chacune des installations a sa propre histoire de transmission patrimoniale, mais un grand nombre de châteaux forts, châteaux, chapelles et églises sont en grave péril de disparition en raison d'un manque flagrant d'entretien dû à un manque de ressources financières. Heureusement, un certain nombre de personnes s'investissent à sauver ce patrimoine en péril. Ce sont quelques-unes de ces personnes dont nous avons croisé la route en visitant des châteaux de la région.

Le château de La Ferté Saint-Aubin

C'est en Sologne que nous découvrons le majestueux portail d'entrée du château. La propriété entourée  de douves s’élève sur les bords d'une rivière, le Cosson.


La chapelle à l'arrière du château

La cuisine qui fut inondée en juin 2016
Il est probable que dès le XIe siècle, il existait à l’emplacement actuel du château, un châtelet gardant le passage du Cosson et qui dépendait du comté de Blois. En 1575, les terres de La Ferté passent par héritage à la famille de Saint-Nectaire. C’est en 1625 qu’ Henri I de la Ferté Sennectère entreprend la construction du « Grand Château »  qui restera inachevée par manque de fonds. La partie gauche, dite « petit  château » persiste encore de nos jours.  Les deux pavillons d’entrée et le porche datent du début du 17e siècle.

Henri II de La Ferté Sennectère, pair du royaume et connu sous le nom de « Maréchal de France », repris le château pour y faire construire les deux bâtiments d’écuries : à droite les « grandes écuries » pour les chevaux de selle et à gauche les « petites écuries » pour les chevaux de service.  Le château passa ensuite aux mains de plusieurs propriétaires tels Nicolas Bertrand, conseiller secrétaire du Roi.

À la fin du 19e siècle, l’imposante chapelle (derrière le château)  fut construite par Madame Dessales, qui fonda également un orphelinat en souvenir de son fils mort très jeune. La famille O’Gorman rachète le château en 1911, réaménage l’intérieur de celui-ci et conserve l’édifice par voie d’héritage jusqu’en 1987. C’est à cette date que Jacques Guyot, toujours propriétaire à ce jour, reprend le château.

La famille Guyot est également, depuis peu, propriétaire dans la région du château Saint-Brisson dont nous avons fait mention dans une chronique précédente.

Château de Meung-Sur Loire

Château de Meung-Sur Loire
Nous vous entretenions dans un récent article intitulé «Meung-sur-Loire et le Québec, une histoire partagée au XVIIIe - La collection Desjardins» du château de cette commune en bord de Loire.

Un premier château, destiné à servir de résidence aux évêques d'Orléans, est construit au milieu du XIIe siècle à l'emplacement d'un cloître adossé à la collégiale Saint-Liphard voisine. À partir de 1209 débute la construction d'un nouveau palais épiscopal, plus important, à une cinquantaine de mètres de l'ancien qui est alors transformé en prison. Au cours de la guerre de Cent Ans, le château devient une forteresse anglaise qui sera reprise par Jeanne d'Arc le 14 juin 1429 au cours de la bataille de Meung-Sur-Loire. Le poète François Villon est enfermé dans la prison du château en 1461 sur ordre de l'évêque d'Orléans. Aux alentours de 1500, un corps de bâtiment est ajouté au nord, avec une tour de pont-levis. Le château est laissé à l'abandon à partir des guerres de Religion, à la fin du XVIe siècle, jusqu'au début du XVIIe siècle.

Il est transformé en résidence d'agrément en 1706. À partir de 1771, il est la résidence de l'évêque Louis-Sextius Jarente de La Bruyère, qui fait décorer le château avec faste. Une chapelle de style néo-classique est ajoutée en 1784. Le parc est aménagé à l'anglaise, avec une rivière artificielle. Un petit pavillon de musique de plan octogonal, une orangerie et une glacière sont bâtis dans le parc.

À la Révolution française, il est vendu comme bien national et acquis par un propriétaire privé. Il sera revendu à maintes reprises par la suite.

Château de Beaugency
À l'occasion de cette visite, nous avons rencontré les propriétaires, Élise et Xavier Lelevé. Ces passionnés sont également propriétaires du château de Beaugency situé dans la commune voisine. Un bref échange nous a permis de bien comprendre l'ampleur des défis qui se posent à la reprise d'un monument historique de cette ampleur. Il faut vraiment être un peu fou... d'histoire et de patrimoines!

À preuve, regardez ce documentaire portant sur la famille Guyot impliquée dans le sauvetage de nombreux châteaux en France.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire